Chaon en Sologne

Si l’on peut par quelques textes, cerner l’existence d’une communauté villageoise, vers le 12ème siècle, on peut sans risque d’erreur, indiquer que l’homme a été présent dans le secteur depuis bien longtemps avant. La nature du sol n’a pas permis la conservation de traces tangibles. Mais la présence d’une rivière, le Beuvron, pouvant servir de voie de communication; les nombreux ruisseaux dans lesquels la nourriture abondait; les forêts proches qui fournissaient le bois et le gibier et les baies ; l’indispensable osier que l’on trouvait dans les lieux humides aux alentours : tout concourait, tout était favorable à une présence humaine et ce depuis la nuit des temps. On a tout de même trouvé une hache polie datée de 4500 avant notre ère !

Peu de traces également au Moyen Âge, si ce n’est quelques seigneuries : la motte féodale de Villechauve attestée en 1520, Moulin Frou appartenant au Seigneur de la Trémouille puis au Duc de Sully mais on retiendra surtout de cette période, la construction des étangs de Sologne et d’une grange aux dîmes rue de l’écu (plus vieille rue de Chaon).

Quelques châteaux à Chaon ont passés les âges. Retenons le Château de Moulin Frou, situé sur la Motte de Moulin Frou, connu dès le 15ème siècle sous le nom de «Moulinfraon». N’oublions pas le Château de Villechauve, dit Château de Chaon, connu depuis la fin du 15ème siècle, situé, lui-aussi sur une motte et bien sûr le Château de l’Hermitage dit Château de la Forêt.

D’ailleurs lorsqu’en 1148 Jean 1er, abbé de Ferrières-en-Gâtinais, reçoit de l’évêque d’Orléans la paroisse de Chaon, c’est bien qu’existe déjà une petite communauté humaine. La création du prieuré Saint Pierre de Chaon et l’arrivée de quelques moines va définitivement fixer Chaon autour de la Fontaine Sainte-Lienne : fontaine qui existe encore aujourd’hui et à laquelle vous pouvez accéder par une petite venelle derrière l’église actuelle.

En 1187, le sire de Lanfernet occupe le lieu seigneurial de Villechauve et est désigné comme vassal du duc de Sully ; le nom de la paroisse évoluera de Chaone (1166), Chaun (1182) Chaonnio (1369), Chon (1536) Chaomno au XVIème siècle pour devenir après la révolution la commune de Chaon.

De nombreux villages de Sologne avaient leur briqueterie, Chaon n’échappe pas à la règle. La briqueterie de Riou, sur la route de Cerdon a vu le jour en 1777 et appartenait au Duc de Béthune-Sully. Les briques sorties de son four n’étaient malheureusement pas estampillées.

Il faudra attendre Napoléon III pour que le «vieux bourg» de Chaon, composé de la rue de l’écu, de l’église et de son cimetière, et limité par la rivière aux loches et le fossé Barillon ne se développe.

Les nouvelles routes, droites et larges s’écartent des bourgs anciens et créent de nouveaux carrefours animés. A Chaon comme ailleurs, l’ancien cimetière devient place de la mairie, on buse la rivière, on construit un pont sur le Beuvron à la Gaucherie et le «bourg neuf» que l’on rejoint par la Grande Rue, se développe vers les routes de Vouzon, Nouan le Fuzelier, Souvigny en Sologne et Pierrefitte sur Sauldre.

De 1860 à 1870 Chaon bénéficie des qualités de visionnaire de son Maire, Ernest Gaugiran. Solognot engagé, il est secrétaire général du Comité Central Agricole de la Sologne l’organisme financeur des grands travaux d’amélioration de la Sologne. A Chaon il fait construire en 1864 un nouveau presbytère, réplique quasi exacte et en symétrie de l’école des garçons… Celui-ci est devenu plus tard le foyer rural.

Il aura pour adjoint un certain Louis Colladant, qui deviendra un temps célèbre, grâce ou à cause d’Eugène Labiche, célèbre auteur de comédies-vaudevilles, qui se moquant des riches fermiers, écrit une pièce «La cagnotte». Dans celle-ci, un certain Colladant, rentier pingre, met des boutons dans la cagnotte à la place des pièces. Or Eugène Labiche est Maire de Souvigny et connaît bien l’adjoint de Chaon. Il a forcément fait exprès de conserver le patronyme de Colladant. Celui-ci lui en voudra beaucoup, car si le portrait est cruel, la population locale y voit une vérité certaine.

Plus tard le tramway venant d’Orléans via Isdes et rejoignant la ligne du BA à Brinon-sur-Sauldre apportera encore du développement économique et des débouchés pour les produits locaux : le bois notamment dont on fait des étais de mines, puis pour les tranchées de 14/18 mais aussi les cotrets (petites bûches courtes et de faible diamètre) que l’on vend alors aux boulangers parisiens pour alimenter leurs fours.
L’église de Chaon a la particularité d’être, selon la légende locale, construite sur la Malnoue : une rivière souterraine vénérée par les Solognots qui traverse toute la Sologne et rejoint dit-on l’Océan Atlantique. Elle est aussi crainte puisque dans les puits et autres points d’eau des «tire-bras» veulent vous entraîner dans ce monde inconnu des eaux souterraines. Elle renferme «le monde d’en d’sous» prompt à la colère, aux débordements et autres inondations…

Le bâtiment cultuel fut souvent qualifié de « en mauvais état » et aussi souvent réparé sans beaucoup de réussite. Pour entrer dans l’église, les paroissiens passaient par une galerie, lieu où les affaires de la commune se discutaient, faute d’une mairie. En 1811, cette galerie, qui n’est pas en bon état, est partiellement découverte. Dans le dernier quart de ce siècle, elle sera totalement supprimée, permettant d’y créer le vitrail (rosace). Cependant en 1878, Adolphe Lemaire 1er magistrat durant 25 ans et sa femme née Maillard de Valory font effectuer une rénovation conséquente et qui a donné à l’église son aspect d’aujourd’hui.

Au cours des siècles, la démographie de Chaon a variée. Quelques points de repère:
1836 : 482 habitants
1896 : 751 habitants
1911 : 737 habitants
1954 : 484 habitants
2020 : 450 habitants

De 1866 à 1974, Chaon abritait une profession peu commune : le balaitier. Le dernier balaitier de Chaon, Paul FORTIER, a été un fournisseur de balais de la ville de Paris.
Plus récemment, sous le mandat de Pierre Gardet, la création de La Maison du Braconnage, à l’instar de ces collègues de Villeny sur le cerf et de Saint-Viâtre sur les étangs, a ouvert Chaon vers le tourisme vert et la mise en valeur du patrimoine solognot. Seul musée, consacré à ce phénomène qui, en Sologne, fit couler beaucoup d’encre et de salive, entre 1850 et 1950…il a permis la venue de nombreux visiteurs et à Chaon de bénéficier d’une image favorable.
Chaon est un bourg typique de notre charmante Sologne qui a su garder quelques maisons anciennes, à pan de bois et torchis, et également de nombreuses habitations en briques, chacune ornementée de décors et de fantaisies pour se distinguer des autres, mais dans une simplicité harmonieuse et originale. Sa place avec église, prieuré et habitations est une des plus belles de Sologne.

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